Le complexe d’Œdipe...
L’œuvre Freudienne est scandée de références théâtrales, en témoigne, une lettre devenue désormais célèbre, datée du 15 octobre 1897, adressée à l’ami berlinois Wilhelm Fliess, Freud pose un jalon de la théorie psychanalytique : le complexe d’Œdipe.
Il écrit : « La légende grecque s’empare d’une contrainte que chacun reconnaît parce qu’il en a ressenti l’existence en lui-même.
Chaque auditeur a été un jour en germe et en fantaisie cet Œdipe, et devant un tel accomplissement en rêve transporté ici dans la réalité, il recule d’épouvante avec tout le montant du refoulement qui sépare son état infantile de celui qui est le sien aujourd’hui. »[1]
Œdipe-Roi reste la pierre angulaire de l’œuvre Freudienne, ainsi le théâtre devient le cœur de la pensée analytique.
C’est en tant qu’art du jeu de masque et du dévoilement que le théâtre incarne ... somptueusement le rapport de l’homme à son désir.
En effet, le regard aiguisé de l’inventeur de la psychanalyse n’aura pas manqué de pointer le véritable dévoilement de l’Œdipe de Sophocle. Ainsi, pointant une sorte de mise en abîme d’Œdipe lui-même.
Le roi déchu, alors, accède au point d’acmé « œdipien », non pas, lorsqu’il tue réellement son père et épouse réellement sa mère, mais bien lorsqu’il fuit Corinthe pour éviter de réaliser son désir inconscient.
C’est bien là que se situe l’alpha et l’oméga du complexe d’Œdipe lui-même. Puisque tout se passe à l’insu de son propre désir, qui pour autant n’en n’est pas moins un désir, ainsi, l’instant tragique de la pièce de Sophocle s’ancre au moment précis où émerge ce désir (incestueux) sous la forme d’un retour du refoulé.
En effet tout se passe à l’insu de l’auteur de l’acte, avec cette mise en tension du côté de la confrontation à l’énigme, de son dévoilement et de sa résolution.
La tragédie d’Œdipe se déploie par l’histoire d’une recherche de la vérité.
La culpabilité d’Œdipe, comme le dit Conrad Stein, « c’est ce désir de savoir, plus que la conséquence de ses actes parricides et incestueux dont il était ignorant au moment où il les a commis.
Œdipe est à la fois le prototype de ce héros moderne qui court à sa perte au nom de cette responsabilité d’un destin dont il a dépossédé les dieux, et en même temps la figure archaïque de ces tyrans autocratiques qui dans leur soif de gouverner dans l’excès sont hantés par les figures légendaires des rois mycéniens »[2]
Texte écrit par Margot Ferrafiat-Sebban,
OEDIPE ROI le mardi 28 février 2017 au Théâtre Espace Marais à Paris.
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[1] S. Freud (1897), Lettres à Wilhelm Fliess, trad. fr., Paris, PUF, 2006, p. 344-345
[2] Roland Gori, « De quoi Œdipe est-il le nom ? », Cliniques méditerranéennes 1/2010 (n° 81), p. 149-166